vendredi 14 octobre 2011

L'Espérance



Ses rapports avec la Foi
On espère en Dieu comme on croit en Dieu, il faut déjà être instauré en Dieu pour croire comme pour espérer et aimer. Dans la Foi cette instauration est actuelle. Dans l'Espérance elle est plus totale et embrasse le présent, et le futur. L'Espérance est vertu de sortie de soi plus que la Foi. Celle-ci demande encore à l'individu la conscience de soi. L'Espérance le projette en Dieu (si du moins on ne confond pas Espérance et espoir). Elle est une hypothèque tirée sur le Seigneur.

Sa nature
Tout le livre de Job est une leçon d'Espérance, une épreuve envoyée à un juste pour lui montrer :
• que sa justice n'a aucun sens et qu'il n'y a pas lieu de se reposer en elle et d'espérer en elle, mais seulement en la justice de Dieu (Cf. discours d'Eliphaz de Théman : ch. 4, 6-8 ; 4, 17-18),
• qu'il doit avoir comme objet de son espoir non des choses humaines mais les dons de Dieu 5, 8-9.

Les voies à l'Espérance sont à ménager en laissant en nous la place à Dieu.
L'acte d'espérance nous donne d'ailleurs comme objet de cette espérance :
• la Grâce ici-bas (la possession de Dieu),
• la vie éternelle (notre anéantissement en Dieu).
L'Espérance n'est donc ni imagination, ni désir, ni projet, rien du contenu habituel de nos espoirs.
La réponse de l'Archange au réflexe bien humain de la Sainte Vierge « Comment cela se fera-t-il ? » fut : « La vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre ». C'est dans l'obscurité de la Foi, qu'il faut espérer.
Tout ce qui nous aide à sortir de nous fera fleurir en nous l'Espérance, les vertus religieuses vécues peuvent la porter à la perfection.
(…)
L'Espérance est une possession anticipée de Dieu dans le temps : elle nous fait participer à la vie éternelle dès ici-bas ; elle tombera dans le face à face éternel. Elle comporte ici, la Foi, adhésion à une vérité obscure, la Charité, confiance en Quelqu'un que l'on aime.
Elle est des trois vertus la plus méconnue et la plus déformée dans la notion qu'on en a et l'expérience qu'on en vit. Elle n'est ni quiétisme, ni rêverie, mais possession de Dieu donc réalisme : elle demande qu'on cherche Dieu et qu'on espère Sa Volonté.
La pauvreté qui nous débarrasse de notre volonté propre,
la pureté qui nous débarrasse de nous-mêmes et des créatures,
l'obéissance qui nous fait adhérer à la Volonté de Dieu, sont des moyens de vivre l'Espérance.

L'Espérance est une attente de Dieu, mais une attente qui n'est pas vide.
Avant le Messie l'attente de l'A.T. était une attente inactive, ou s'efforçant de L'imaginer, ou Le connaissant par avance comme pour Saint Jean Baptiste.
L'attente de Marie de l'Annonciation à la Nativité, qui est déjà possession, doit être nôtre : une attente qui possède déjà par anticipation.

Gabrielle-Marie Mosnier